Milieux humides



Mise en contexte

On compare souvent les milieux humides à des reins. La comparaison est juste, dans la mesure où les milieux humides sont des endroits où l’eau est filtrée et nettoyée avant de poursuivre sa route dans le réseau hydrique. Sans oublier que les milieux humides sont notre meilleure garantie contre les inondations, étant donné leur pouvoir d’absorber les crues. Comme un humain qui aurait perdu la fonction de ses reins ou d’une partie de ceux-ci, le bassin versant du lac Memphrémagog a perdu au cours des années une grande part de sa capacité de filtration et de rétention des eaux. En effet, comme en bien d’autres endroits au Québec, le littoral des plans d’eau a été muni de murets, les petits ronds humides ont été remblayés et des marais ont été drainés. Le pire, c’est que la tendance n’est pas encore endiguée, encore moins inversée. Lorsqu’on comprendra enfin l’importance critique des milieux humides dans la santé du bassin versant du lac Memphrémagog, non seulement protégerons-nous intégralement ce qui en reste, mais nous restaurerons ce qui a été perdu, particulièrement à l’embouchure des tributaires du lac.

 



Qu’est-ce qu’un milieu humide?

Un milieu humide, c’est un écosystème dont la structure de base est un site où la nappe phréatique est à proximité ou au-dessus de la surface. Le sol y est saturé d’eau ou inondé pendant une période suffisamment longue pour influencer la nature du sol et la composition de la végétation. On reconnaît donc un milieu humide à la présence de plantes hydrophiles, c’est-à-dire des plantes qui tolèrent de longues périodes d’inondation ou du moins tolèrent des inondations périodiques. Se rapprochant davantage du milieu aquatique lors des inondations, le milieu humide devient presque un milieu terrestre durant les sécheresses. Il y a 5 grands types de milieux humides : les tourbières (productrices de tourbe ou pas), le rivage, les marais, les marécages et les étangs.


Quelle est la situation des milieux humides dans la région du bassin versant du lac Memphrémagog?

Comme dans plusieurs régions du Québec, le bassin versant du lac Memphrémagog a déjà perdu une grande part de ses milieux humides. Heureusement, quelques milieux humides de grande valeur subsistent. À l’échelle du territoire de la MRC de Memphrémagog, les marais humides n’occupent que 1 % du territoire. Partout où le littoral du lac est en pente douce, il s’agit là de milieux humides. On connaît aussi très bien le Marais de la rivière aux cerises, qui filtre et nettoie les eaux de cette rivière, avant qu’elle ne se jette dans le lac. Ce que l’on connaît moins, ce sont tous les petits ronds humides, partout sur le territoire, qui sont non seulement d’une importance capitale dans le maintien de la biodiversité de l’écosystème, mais qui sont autant d’éponges qui retiennent les eaux lors des précipitations abondantes et qui contribuent ainsi à ce que nos constructions soient protégées contre les inondations. L’état des milieux humides est critique dans plusieurs régions du Québec. On dit que dans le sud du Québec, plus de 4 000 hectares (ha) de marais ont été perdus ou dégradés au cours des 40 dernières années. À titre d’exemple, les basses terres du St-Laurent auraient perdu plus de 45 % de leurs terres humides, suite au drainage opéré pour les activités agricoles et par le développement immobilier.


En quoi les milieux humides sont-ils si importants?

Les milieux humides procurent de nombreux biens et services à la société, au nombre desquels nous pouvons compter, notamment :

Les milieux humides : une usine biologique incomparable

Les milieux humides sont des écosystèmes de très forte productivité biologique, rivalisant même avec les forêts tropicales, les écosystèmes les plus productifs de la planète. On estime qu’ils produisent 24 % de la productivité totale de la planète, bien qu’ils n’occupent que 6,4 % de la surface terrestre.

Le milieu humide : un milieu de vie

Au Québec, 271 des 638 espèces de vertébrés ont besoin des milieux humides pour y trouver un abri, s’y alimenter ou pour se reproduire. Plusieurs autres espèces reconnues comme aquatiques ou terrestres ont besoin des milieux humides durant une partie de leur vie. Plus d’un tiers des oiseaux du Canada, dont la sauvagine, a besoin des milieux humides. Pour les oiseaux migrateurs, l'existence et la conservation de ces milieux humides à l'échelle du continent est une question de survie. De même, plusieurs poissons utilisent les milieux humides pour se nourrir ou pour frayer. Par exemple, les plaines inondées au printemps sont envahies par le grand brochet qui y trouve des conditions favorables à la fraie. De plus, toutes les grenouilles et tous les crapauds utilisent les milieux humides pour y pondre leurs œufs. Il en est ainsi pour toutes les tortues et pour la plupart des salamandres. Il est également vrai que toutes les espèces de serpents et de couleuvres ont besoin d'une certaine humidité à proximité de leur habitat.

Le milieu humide : le rein du réseau hydrique

Tout comme le corps humain ne peut se passer de ses reins, l’écosystème du bassin versant a besoin de ses milieux humides. Ce sont les plantes des milieux humides qui filtrent l’eau que nous utilisons et buvons quotidiennement. D’abord, les plantes des milieux humides retiennent les matières en suspension présentes dans l'eau. Des recherches affirment que les milieux humides peuvent capter jusqu’à 70 % des sédiments transportés par les eaux de ruissellement. Ensuite, les plantes des milieux humides consomment les éléments nutritifs pour leur propre croissance, par exemple le phosphore. Des recherches ont démontré que près de 92 % du phosphore et 95 % de l’azote présents dans l’eau d’un bassin versant peuvent être éliminés quand celle-ci traverse un milieu humide. Enfin, les plantes des milieux humides ont la capacité d'absorber et d'emmagasiner dans leurs racines des polluants tels les résidus de pesticides et des métaux lourds. La capacité de filtration des milieux humides est telle qu’on estime que quelques dizaines d'hectares de milieux humides possèdent la même capacité de filtration et d'épuration des eaux usées qu'une usine de traitement de plusieurs millions de dollars. En fait, les milieux humides sont tellement efficaces qu’on tente aujourd’hui de s’en inspirer pour construire des systèmes de traitement des eaux usées.

Le milieu humide : un régulateur de l’hydrologie

Les milieux humides agissent comme des éponges géantes naturelles, régularisant l’hydrologie du bassin versant. Lorsqu’il pleut, les milieux humides capturent l'eau, l'emmagasinent et la relâche très lentement, sur une longue période de temps, soit pendant des semaines ou des mois. Les milieux humides contribuent aussi fortement à alimenter les aquifères. C'est en partie grâce à ce mécanisme que les inondations sont limitées, que nos cultures résistent aux sécheresses et que nos puits d'eau potable ne s'assèchent pas. 

Le milieu humide : une barrière contre l’érosion des rives

La végétation présente sur le bord des rives des milieux humides aide à protéger les rivages contre l'érosion lors des grandes crues printanières ou des pluies abondantes. Les racines de ces plantes maintiennent le sol des rives en place et absorbent l'énergie des vagues et du vent. 

Les milieux humides : des puits de carbone gigantesques

Les milieux humides ont la capacité d’absorber et d’emmagasiner le carbone des gaz à effet de serre présents dans l’atmosphère terrestre. 

Les milieux humides : des milieux d’intérêt économique

Les milieux humides sont aussi de beaux endroits propices au calme et la pratique d’une foule d’activités de plein air comme la pêche, la chasse, la trappe et l’observation de la faune. Ces activités rapportent des millions de dollars chaque année, en frais de séjour, en biens consommés localement, en permis et droits d’accès, en équipements de toutes sorties, etc.


Les milieux humides du bassin versant du lac Memphrémagog sont-ils adéquatement protégés?

Parmi les écosystèmes aquatiques à protéger, les milieux humides arrivent en tête de liste, étant donné leurs rôles importants dans le maintien de la qualité de l’eau potable et de la biodiversité. Au Québec, tous les milieux humides de 5 ha ou plus sont théoriquement protégés par la Loi sur les habitats fauniques (LHF). Les milieux humides de plus petite dimension sont protégés par la réglementation municipale et dans le bassin versant du lac Memphrémagog, on peut affirmer que cette réglementation est à tout le moins déficiente. Très peu de ces milieux font officiellement partie d’aires de CONSERVATION. Pourtant, la MRC de Memphrémagog reconnaît officiellement l’importance des milieux humides dans la qualité du bassin versant du lac Memphrémagog… 


Des organismes à but non lucratif à la rescousse!

Plusieurs organismes à but non lucratif œuvrant sur le territoire du bassin versant du lac Memphrémagog sont voués à la conservation et la mise en valeur des milieux humides. À ce titre, on compte entre autres l’organisme Corridor Appalachien et la Fondation Marécages Memphrémagog.


Quelles sont les menaces qui pèsent contre les milieux humides?

Chaque fois qu'un milieu humide disparaît, l'efficacité des reins de notre environnement diminue. Malheureusement, c'est souvent après une catastrophe que l'on s'aperçoit de leur importance. Leur valeur ne se chiffre pas et ils sont irremplaçables.

Drainage agricole

Au fil des années, ce sont des milliers d'hectares de milieux humides qui sont disparus de notre entourage sans qu'on s'en rendre compte. De nombreux milieux humides ont été drainés et récupérés en terres agricoles de haut rendement; ces terres fertiles procurent beaucoup de nourriture, mais elles ont fait perdre plus d’un service rendu par les milieux humides.

Développement immobilier irresponsable en milieu rural

Les milieux humides sont encore trop souvent victime du « manque d'espace » des hommes; ils sont remblayés pour devenir immeuble, on y a construit des marinas, des routes, des petits quais… Le problème est qu’ils sont situés sur des terres privées. Dans le contexte actuel où le marché immobilier local est en pleine croissance et, considérant l’attrait de plus en plus important qu’exerce le milieu rural sur les citadins pour l’achat de propriétés secondaires, le développement immobilier constitue une menace majeure pour les milieux humides. 

La pollution par les activités industrielles, agricoles et urbaines 

Les rejets provenant des activités industrielles, agricoles et urbaines sont autant de sources de pollution pour les milieux humides. On y retrouve entre autres, des matières fécales, des traces de métaux, de la graisse, de l'huile, du sel de déglaçage, de même que des pesticides et résidus de pesticides de toutes sortes. L’érosion des sols agricoles et urbains envoie aussi une quantité phénoménale de sédiments vers les milieux humides. Toutes ces variétés de pollution peuvent avoir de graves répercussions sur la vie de la flore et de la faune environnantes.

Les espèces exotiques envahissantes

L’équilibre des milieux humides est aussi menacé par l'introduction d’espèces envahissantes. Ces nouvelles espèces animales ou végétales font compétition aux espèces déjà en place et puisqu’elles n'ont souvent aucun prédateur, elles ont le chemin libre pour se reproduire, s'emparer du plus d'espace possible et supplanter les espèces indigènes. La salicaire pourpre et le phragmite sont sûrement les plantes exotiques envahissantes qui sont les plus menaçantes pour les milieux humides du bassin versant du lac Memphrémagog.


Comment peut-on contribuer à la protection des milieux humides?

Pour savoir comment contribuer à la préservation des milieux humides qui subsistent dans le bassin versant du lac Memphrémagog, nous vous invitons à consulter la section du Guide des Intervenants qui vous concerneé.


Pour en connaître davantage :


Canards Illimités, 2009: Site web
MDDEP 2009: Les milieux humides