Pelouses écologiques


Mise en contexte

Quand les historiens des siècles prochains étudieront notre façon d’occuper le territoire, ils seront sûrement incrédules devant la prévalence que l’on accorde à la pelouse…! En effet, il est tout à fait incompréhensible que nous accordions autant d’espace et de soins à une façon d’occuper le territoire qui est reconnue comme hautement dommageable pour tous les écosystèmes, notamment en raison de tout le PHOSPHORE et des résidus de PESTICIDES qui peuvent s’en échapper. Au lac Memphrémagog comme ailleurs, on voit encore des pelouses qui s’allongent jusqu’au lac. On a peine à imaginer tout ce qui en filtre. Partout dans le bassin versant, des développements résidentiels se font encore à la conventionnelle, c’est-à-dire qu’un large espace est laissé ouvert, afin que l’on puisse s’amuser à y engraisser un gazon que l’on tondra dès qu’il pousse! Cette façon d’occuper le territoire n’a plus sa raison d’être. Sans faire disparaître les pelouses du bassin versant du lac, il faut en repenser l’espace et les intrants qu’on lui donne. Surtout, il faut questionner la pelouse conventionnelle.


Faits et statistiques en vrac :

1. Une propriété riveraine où la rive est artificialisée, c’est-à-dire où l’on a remplacé les arbustes et les arbres de la bande riveraine par du gazon et où l’on fait l’épandage de phosphates sur la pelouse, envoie autant de phosphore dans le lac que sept propriétés où l’on a une végétation riveraine et où l’on fait attention pour protéger le plan d’eau. 

2. Plus de la moitié des phosphates épandus sur la pelouse située près d’un plan d’eau aboutit dans le plan d’eau, soit par l’entremise du ruissellement de surface ou de la nappe phréatique. 

3. Un kilogramme d’engrais phosphoré déversé dans un plan d’eau fournit assez d’éléments nutritifs pour produire 500 kilogrammes d’algues et de plantes aquatiques.


Problèmes liés à l’entretien des pelouses conventionnelles :

L’entretien d’un gazon et de plates-bandes compte parmi les plus importantes sources de dégradation d’un lac (RAPPEL, 2000). En effet, une pelouse ne peut freiner l’érosion, ni filtrer les éléments nutritifs, ni prévenir le réchauffement de l’eau. De plus, une grande part des fertilisants, herbicides et pesticides utilisés sur une pelouse sont emportés vers les plans d’eau. Or, les impacts négatifs de ces produits sur l’environnement (ex. poissons et batraciens) sont indiscutables. Il est toutefois possible d’entretenir une pelouse saine et splendide sans dégrader son lac.

Vous devez savoir que les pesticides et les herbicides de même que tous les autres produits nocifs utilisés pour l’entretien de vos terrains se retrouvent irrémédiablement dans le lac à la suite des pluies. Cette problématique n’est pas attribuable uniquement aux riverains, mais également aux propriétaires et locataires de terrains dont l’écoulement des produits nocifs peut contaminer la source d’approvisionnement d’eau du lac. Vous devez également savoir que l’eau et la pluie sont des alliées naturelles de la pelouse. Lors d’averses fréquentes, la pelouse demeure belle et l’application de produits nocifs n’est pas nécessaire puisqu’inutile. Cependant, cette même eau de pluie constitue une source d’écoulement des produits nocifs pour les pelouses vers le lac. C’est quand même paradoxal comme situation. De plus en plus de municipalités et villes imposent différentes réglementations pour interdire l’usage de produits chimiques ou nocifs sur les terrains même s’il n’y a pas de cours d’eau à proximité. Il y a sûrement des raisons et des dangers pour la santé qui leur font prendre ces décisions. Vous avez probablement remarqué d’ailleurs qu’une pelouse verte naturelle résiste davantage à la sécheresse qu’une pelouse parfaite puisque le mélange d’herbes est plus résistant au soleil.


Conseils pour obtenir une pelouse écologique :

Assurez-vous que votre pelouse est durable : 

  • Assurez-vous de la bonne composition en espèces;
     
  • Tondez entre 8 à 10 cm de hauteur;
     
  • Gardez les lames de votre tondeuse affûtées;
     
  • Tondez au besoin, plutôt qu’à une fréquence prédéterminée;
     
  • Laissez le gazon coupé sur le sol - Déchiquetez et épandez les rognures de gazon (Herbicyclage);
     
  • Évitez de tondre lorsque le feuillage de la pelouse est humide ou mouillé suite à une rosée, une pluie ou un arrosage afin de minimiser la compaction du sol. La distribution des résidus de tonte est beaucoup plus uniforme lorsque la pelouse est sèche;
     
  • Ne pas tondre en période de stress hydrique (pénurie d’eau) ou de canicule;
     
  • Lorsque trop abondants, disperser uniformément les amas de résidus de tonte sur la pelouse;
     
  • Choisissez un type de tondeuse plus écologique (électrique, manuelle ou moteur moins polluant);
     
  • Utilisez des mycorhizes
     
  • Choisissez des heures raisonnables pour tondre votre pelouse; vos voisins vous en seront reconnaissants!

Le choix vous appartient donc : une pelouse de grande qualité ou un lac contaminé… tout en vous rappelant qu’une pelouse se remplace, mais pas un LAC!


Pour en connaître davantage :

FIHOQ 2008: Guide d’implantation et d’entretien d’une pelouse durable