Espèces exotiques envahissantes

Mise en contexte:

Les espèces exotiques envahissantes sont une menace très importante à la biodiversité du bassin versant du lac Memphrémagog et leur contrôle est extrêmement difficile et coûteux. Dans le bassin versant du lac Memphrémagog, on remarque déjà les ravages que peuvent causer des plantes comme le Phragmite, le Myriophylle à épi ou la Renouée japonaise. Il faut à tout prix limiter leur progression et faire en sorte que les espèces exotiques envahissantes qui sont à nos portes ne viennent pas s’installer chez nous, en particulier la Moule zébrée et la Châtaigne d’eau. Le lavage des bateaux et la surveillance des plantes exotiques envahissantes sur les terrains résidentiels restent les meilleurs outils pour se prémunir contre les espèces exotiques envahissantes.


Que sont les espèces exotiques envahissantes?

Les espèces exotiques envahissantes, ce sont des espèces végétales ou animales qui ne sont pas indigènes à la région et qui possèdent la capacité de se reproduire rapidement au point de supplanter les espèces indigènes. Elles profitent de l’absence de compétiteurs, de prédateurs ou de maladies pour prendre d’assaut des écosystèmes entiers. Elles sont très difficiles à contrôler et sont capables de causer des dommages importants aux écosystèmes naturels, à l’économie et à la société. S’installant souvent sur des milieux perturbés, les espèces exotiques envahissantes peuvent être indicatrices de cette perturbation. Le réchauffement climatique et d’autres facteurs environnementaux contribuent à leur établissement et à leur propagation. Les milieux humides et les lacs sont particulièrement sensibles aux espèces exotiques envahissantes.


En quoi les espèces exotiques envahissantes sont-elles dommageables?

Les espèces exotiques envahissantes causent des dommages très importants aux écosystèmes et aux services que peuvent nous fournir ces écosystèmes. Lorsqu’elles réussissent à supplanter une espèce indigène, ce sont tous les membres de l’écosystème qui en souffrent, puisque toutes les espèces animales et végétales y sont continuellement en interaction. On note par exemple qu’un milieu humide envahi par le phragmite ou la salicaire pourpre ne peut supporter autant d’oiseaux qu’un milieu humide sain. Lorsque l’espèce indigène supplantée est une espèce menacée ou vulnérable, les dommages sont d’autant plus importants et souvent, irréversibles. Selon l’Union mondiale pour la nature, les espèces exotiques envahissantes constituent la deuxième menace la plus sérieuse en importance pour la biodiversité, après la perte des habitats. De plus, les services écologiques que nous fournissent les écosystèmes, telles l’eau potable ou la possibilité de pratiquer des activités nautiques, de pêche ou de baignade, peuvent être compromis. Ces espèces envahissantes occasionnent des pertes de rendement importantes en agriculture et entraînent l’application de quantités massives de pesticides, dont l’espoir de pouvoir les contrôler. L’éradication d’une colonie d’une espèce exotique envahissante et la restauration du milieu est une opération extrêmement dispendieuse.


Comment les espèces exotiques envahissantes procèdent-elles pour faire disparaître les espèces indigènes?

Les espèces exotiques envahissantes peuvent parfois remplir l’espace tellement densément qu’il n’y a plus de place du tout pour les autres. Sans l’envahir complètement, elles modifient parfois l’habitat au point de le rendre inutilisable par les espèces indigènes, par exemple, par l’émission de composés, l’assèchement du milieu ou la diminution du taux d’oxygène ambiant. De plus, les espèces exotiques envahissantes ont habituellement une capacité supérieure à assimiler les ressources nutritives, ce qui fait en sorte qu’elles offrent une compétition déloyale aux espèces indigènes. Elles peuvent aussi causer la mort directe des espèces indigènes, par prédation ou broutement. Comme si ce n’était pas assez, les espèces exotiques qui envahissent le territoire d’une proche parente et se croisent avec elles affaibliront le fond génétique de la cousine indigène, par l’hybridation.


Comment les espèces exotiques envahissantes sont-elles arrivées sur le territoire du bassin versant du lac Memphrémagog et comment s’y propagent-elles?

Dans la plupart des cas, elles ont été déplacées d’un endroit à l’autre par un horticulteur amateur ou par un plaisancier insouciant. Lorsqu’on utilise une espèce qui a le potentiel d’être envahissante dans son jardin d’eau ou son aquarium, on contribue aussi à la prolifération des espèces exotiques envahissantes. Il est vrai que les espèces exotiques envahissantes profitent de conditions environnementales perturbées, donc toute forme de perturbation des écosystèmes contribue aussi à leur propagation. Les bateaux sont des vecteurs privilégiés de déplacement des espèces exotiques envahissantes. Il est donc extrêmement important de procéder au lavage de toute embarcation nautique lorsqu’on la déplace d’un plan d’eau à un autre et on traquera particulièrement le Myriophylle à épi, la moule zébrée et la châtaigne d’eau.

Quel sera l'impact des changements climatiques sur la distribution des plantes envahissantes?

Une récente étude menée par l'Université McGill et financée par Ouranos suggère que les impacts changements climatiques modifieront la répartition des plantes envahissantes au Québec. En effet, les chercheurs ont conclu que, durant les prochaines décennies, il pourrait y avoir plus de territoires envahis, qu'on retrouverait plus d'espèces envahissantes et que la reproduction de certaines d'entre elles serait facilitée. Ces résultats poussent à croire que les efforts de prévention sont tout à fait justifiés et qu'il faut redoubler d'attention dans la lutte aux espèces envahissantes. 


Quelles sont les espèces exotiques envahissantes déjà présentes dans le bassin versant du lac Memphrémagog?

Plusieurs espèces exotiques envahissantes ont déjà réussi à s’implanter sur le territoire du bassin versant et y causent des dommages considérables et il faut à tout prix éviter qu’elles ne prolifèrent. C’est le cas de la Salicaire pourpre, du Phragmite, de la Renouée japonaise, du Myriophylle à Épis et de l’Hydrocharide grenouillette.

Salicaire pourpre

Bien que la Salicaire pourpre (Lythrum salicaria) menace l’équilibre des écosystèmes, il arrive encore souvent qu’on la cultive sur les terrains résidentiels, ce qui contribue évidemment à sa propagation. Lorsqu’elle s’installe dans un milieu humide, elle y perturbe l’équilibre, notamment en ce qu’elle peut contribuer à son assèchement. La Salicaire pourpre est pourtant très jolie : elle a des fleurs pourpre ou mauve en épis et fleurit presque tout l’été.

Source : MDDEP, 2009

 



Phragmite (Roseau commun)

Le Phragmite (Phragmites australis ) est une plante terrestre qui affectionne les endroits un peu plus humides. On la retrouve maintenant partout sur le bord des routes et elle menace d’envahir les milieux humides du bassin versant. Malgré tout, elle est encore peu présente sur les abords du lac comme tel. On la reconnaît à sa longue tige effilée ornée d’un genre de plumeau. Il existe une version indigène du phragmite, mais le génotype européen est très envahissant. Les phragmites du type indigène ont déjà presque complètement disparu du Québec.

Source : Environnement Canada, 2009
 

Renouée japonaise

La Renouée japonaise (Fallopia japonica) est une plante terrestre qui envahit rapidement les sols perturbés. Selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN), il s’agit de l’une des 100 espèces exotiques envahissantes les plus préoccupantes. Elle est déjà très présente dans le bassin versant du lac Memphrémagog et elle menace d’envahir les abords des cours d’eau et les milieux humides. On la reconnaît facilement à sa tige rougeâtre et creuse tel un bambou. Il est très difficile de se débarrasser de la Renouée japonaise. 

 

 

Berce du Caucase

Berce du CaucaseLa sève de cette plante contient des toxines qui sont activées par la lumière et qui causent des lésions de la peau qui ressemblent à des brûlures. Il ne faut donc jamais la toucher à mains nues et veiller à limiter sa propagation en évitant de la transporter, de la planter ou d'en répandre les semences. La berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum) colonise rapidement divers milieux en nuisant à la croissance des autres plantes. Elle peut s'établir le long des cours d'eau, des fossés et des chemins de fer, entre autres. Il s'agit d'une plante herbacée pouvant atteindre 5m de hauteur. 

Source : Independent.co.uk

La berce du Caucase peut facilement être confondue avec la berce laineuse (Heracleum lanatum), qui est indigène et moins toxique. Il convient donc de bien identifier la plante lorsqu'on croît observer la berce du Caucase. À Magog, elle est classée comme une mauvaise herbe à déclaration obligatoire, mais sa localisation doit aussi être signalée dans les autres municipalités.

  

Myriophylle à épi 

Le Myriophylle à épi (Myriophyllum spicatum) est une plante aquatique envahissante qui est déjà très présente dans le lac Memphrémagog et ailleurs dans le bassin versant. Elle croit en colonies très denses, dégradant l’attrait des zones de baignades et nuisant à la navigation. Sa tige ressemble à de longs serpentins et ses feuilles sont finement découpées, comme des plumes. Un seul fragment de Myriophylle à épi est capable d’engendrer toute une nouvelle colonie. 

 

Moule zébrée

La moule zébrée (Dreissena polymorpha) est un petit mollusque qui a déjà causé des dommages importants aux écosystèmes des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent.  On signale que lorsqu’elle s’installe sur une prise d’eau potable, la moule zébrée peut proliférer au point d’en boucher l’ouverture et de compromettre la circulation de l’eau. De plus, la moule zébrée excrète des substances qui sont réputées donner mauvais goût à l’eau potable et qui sont responsables d’épidémies létales de botulisme chez les animaux sauvages. La moule zébrée se reconnaît à sa coquille brune rayée de blanc.

  • Programme de sensibilisation aux espèces envahissantes de l'Ontario: Moule zébrée


Quelles sont les espèces exotiques qui cognent à nos portes?


Il y a des espèces exotiques qui sont présentes dans les environs du bassin versant du lac Memphrémagog, mais qui n’ont pas encore réussi à s’y implanter. Il faut être extrêmement vigilant et éviter à tout prix qu’elles ne viennent nous apporter leur mauvaise fortune, car on le sait, elles pourraient causer des dommages importants et leur éradication est extrêmement difficile, une fois qu’elles se sont implantées. C’est le cas du cladocère épineux, de l'écrevisse à taches rouges, de la châtaigne d’eau et de l’algue Dydimo.

Cladocère épineux

 
Source: MFFP

Le cladocère épineux (Bythotrephes longimanus) et la puce d’eau en hameçon (Cercopagis pengoi) sont des petits crustacés de 1 à 1,5 cm de longueur faisant partie de la famille des zooplanctons. Leur principale caractéristique : une longue queue qui fait plus de la moitié de leur corps munie de trois paires d’épines acérées. Ils sont présentement bien établis aux frontières du Québec, soit en Ontario, dont le lac Témiscamingue, ainsi que dans les Grands Lacs américains et le lac Champlain. Pour en savoir plus, consulter le dépliant du MFFP

Écrevisse à taches rouges


Source: Pêches et Océans Canada

Les écrevisses appartiennent à une classe de crustacés pour laquelle il est difficile de distinguer les différentes espèces. Quelques caractères distinctifs permettent cependant de distinguer l’écrevisse à taches rouges (Orconectes rusticus ou écrevisse américaine) des autres espèces. La couleur de sa carapace peut varier entre le gris-bleu et le brun-vert foncé, mais il est presque toujours possible de relever une tache de couleur rouge rouille de chaque côté de sa carapace. Dans certains cours d’eau, il arrive cependant que ces taches rouges soient absentes ou effacées. La présence de bandes noires à l’extrémité de ses pinces permet aussi de la reconnaître. Les experts se servent finalement de la configuration des organes reproducteurs pour l’identifier. L’écrevisse à taches rouges est un envahisseur qui provient des États-Unis, plus précisément du bassin versant de la rivière Ohio. La première mention d’écrevisse à taches rouges au Québec a été rapportée au début des années 2000. Pour en savoir plus, consulter le site web du MFFP.


Châtaigne d’eau

La châtaigne d’eau (Trapa natans) est une plante aquatique qui est présente dans le bassin versant de la rivière Richelieu. Elle a déjà causé des dommages très importants à l’écosystème de la rivière du Sud, en Montérégie, et elle menace d’aller s’implanter dans le lac St-Pierre, sur le fleuve Saint-Laurent. Lorsqu’elle s’installe, elle forme des colonies extrêmement denses où plus rien d’autre ne peut survivre, sans compter que la digestion de la matière organique qui la compose fait diminuer radicalement les concentrations en oxygène dissous dans l’eau. La châtaigne d’eau se déplace grâce à l’aide des bateaux : un bateau ayant été en contact avec une colonie de châtaignes d’eau peut déplacer des fragments de plante qui suffiront à la fondation d’une nouvelle colonie dans un milieu vierge.

 

 

Algue Dydimo

L’algue Dydimo (Dydimosphenia geminata) est une algue diatomée qui est apparue très récemment en Amérique du Nord, mais qui a causé des dommages très importants partout où elle s’est installée. Elle est présente dans le bassin versant de la rivière Connecticut, au sud du Memphrémagog et dans l’Est du Québec. L’algue Dydimo ressemble à un amas de filaments verts. Lorsque le niveau des rivières baisse, les amas d’algues qui s’assèchent sur les roches ressemblent à du papier hygiénique ou à du papier parchemin.


Quelles sont les autres espèces exotiques dont il faut surveiller la propagation?

Il y a des espèces exotiques qui sont déjà présentes sur le territoire du bassin versant et qui menacent de devenir envahissantes, bien que leur prolifération ne semble pas problématique pour l’instant. Il faut leur apporter une attention particulière et éviter de contribuer à leur dissémination. C’est le cas, notamment, de l’érable à Giguère, du Nerprun bourdaine et du Nerprun cathartique. L’Iris jaune est une plante herbacée qui est considérée comme envahissante dans certaines parties des États-Unis, dont la Pennsylvanie. On aura donc soin d’éviter de la cultiver chez nous, bien qu’elle ne semble pas être envahissante dans les conditions environnementales qui existent ici. Quant à la moule Quagga, c’est une petite cousine de la moule zébrée qui est tout aussi sournoise et dommageable. Elle est présente dans le Fleuve Saint-Laurent et il faut absolument éviter qu’elle ne vienne s’installer chez nous. Le lavage des bateaux reste le meilleur moyen de prévention.

Pour déclarer une observation d'espèce(s) exotique(s) envahissante(s) au lac Memphrémagog, visitez : https://arcg.is/19LzXm

Pour en connaître davantage: